Ce texte a été écrit par Nagib, un lecteur, que nous remercions de tout coeur pour ce beau partage.
Dimanche 6 aout 2017
Après t’avoir eu hier au téléphone, j’étais heureux. Oui je sais, il n’en faut pas beaucoup.
Après cela, j’ai décidé de me rendre au parc Maximilien, lieu d’exode pour les réfugiés en transit. Fuyant leur pays d’origine, ils sont à la recherche d’un bout de terre prêt à les accueillir tel les colons américains de la ruée vers l’or.
Ecoutant l’album d’Alpha Blondy, Masada. J’étais là errant, incapable de les aider.
J’étais témoin de cette misère humaine, visible aux yeux du monde.
J’ai tenté de m’intégrer dans un groupe d’éthiopiens.
Ils avaient la trentaine, ils semblaient prêts, motivés et invincibles.
J’ai sorti mon appareil photo et je leur ai demandé si je pouvais prendre quelques clichés.
Un des membres, le leader sûrement, a refusé.
J’ai évidemment respecté leur volonté, comprenant la gêne qu’ils ressentaient face à cette situation.
En partant, quelque chose en moi me faisait chaud au cœur, la douce sensation de vouloir faire changer les choses.
C’est ainsi que j’ai décidé de t’écrire.
Parce que cette chaleur, elle vient de toi. Tout ce temps au parc, tu étais là, à côté de moi.
A plusieurs reprises, j’ai été ébranlé par la similitude de nos vies, de nos comportements.
J’ai eu les stigmates de tes peurs et de tes blessures.
C’est peut-être comme ça que j’ai eu la chance d’ouvrir ton livre, de te comprendre.
J’ai rencontré une femme qui m’a beaucoup donné et tu penses que c’est la raison pour laquelle je suis tombé amoureux. Je ne suis pas d’accord.
Mes sentiments sont venus après, et de façon naturelle. Malgré tout, j’ai toujours su que c’était toi.
Je n’étais pas prêt à accueillir tout cet amour et je ne savais pas comment te le rendre.
Je pensais que le meilleur était à venir…que j’allais apprendre à t’aimer.
Il y a eu beaucoup de malentendus entre nous.
Mais tu dois savoir que tu as contribué à me rendre meilleur et que j’ai toujours voulu ton bonheur.
Crois-moi, je n’aime pas cette manière que j’ai de tout bousiller, par mon insistance, mon entêtement.
J’ai du mal à ouvrir les yeux face à ton souhait de tirer un trait sur notre histoire.
Pourtant tu as peut-être raison, c’est sans doute une étape obligatoire pour se débarrasser de ce qui a détruit notre couple.
Le destin nous avait réuni, Maqtoub comme diraient certains. Je me souviens…
Tu vas penser que je me répète mais oui se sont des choses de la vie que je n’oublie pas.
Je m’étais rendu seul à une soirée, je ne connaissais personne, mais c’est là que nos chemins se sont croisés pour la première fois.
Je ne t’ai pas appelée lorsque tu m’as quitté et que tu es partie en Bretagne.
Mais le destin est incroyable et lorsque je me suis enfin décidé à t’appeler, tu étais sur Bruxelles.
Je me souviens d’un tigre, trouvé lors d’une ballade à Binic.
Et cette fois où j’étais perdu dans Paris. Je roulais en voiture lorsqu’au feu rouge, tu étais là, juste devant moi, comme si tu m’attendais.
Ou la fois où tu dormais, je dormais aussi !!
Ou la fois où tu as été à Rome, j’y étais aussi !!!
Ou encore le jour où nous nous baladions dans Montmartre. Je ne connaissais pas ce quartier. Nous nous sommes approchés d’un petit parc où nous avons découvert le mur de l’amour. C’est fou ! J’avais lu un article au sujet de ce mur quelques semaines auparavant.
J’ai encore tellement de souvenirs.
Mais le plus important pour moi, c’est l’amour qu’il y avait entre nous. Et le plus drôle ? Nos noms, sans nul doute.
Je pensais que l’on aurait pu s’aider mutuellement, mais on ne change pas une personne si l’envie de ne vient pas d’elle-même.
Je t’ai vue, je t’ai lu, je t’ai connue et je suis resté bref je t’ai aimée.
En d’autres termes, je t’avais accepté comment tu étais et je ne voulais pas que tu changes.
De toute façon, je ne te voyais pas en brune ou en vendeuse.
Je ne vais pas parler de tes torts ou des miens, je ne vais pas non plus parler de ta nouvelle vie, et choses qui t’empêchent de me laisser une chance, nous les connaissons.
Te savoir dans les bras d’autres hommes n’a pas été facile pour moi.
Là maintenant tu es heureuse avec l’un d’eux et encore une fois, tu m’as prouvé que je n’existais plus.
Peut-être qu’il réussira, peut-être que cela brisera cette croyance que l’on est faits pour être ensemble. Qu’il y avait un lien fort entre nous, qui nous unissait pour toujours.
Mais bizarrement, crois-le ou pas, je suis heureux pour toi.
J’ai eu un contrat d’amour de 5 ans, un CDD. J’aurai aimé avoir eu un CDI.
Je t’entends encore me dire « Jamais je ne te quitterai, tu es l’homme de ma vie, je t’aimerai toujours, je t’aime comme je n’ai jamais aimé, je fais ou dis des choses que je n’ai jamais faites avec personne… ». Pourtant, j’ai toujours su, et ça depuis le début de notre relation, que tu me quitterais même sans raison.
Je ne sais pas si j’aimerais encore une femme en tout cas je le donnerai à mon fils comme je l’ai toujours fait.
Je vais tâcher de concentrer mon énergie à ma (re)construction.
Me consacrer à mon avenir sans toi.
Je vais changer de travail, je n’ai jamais aimé ce boulot, d’appartement et donner un nouveau sens à ma vie.
Je ne sais pas si nous nous re-croiserons un jour, si nous nous parlerons encore avec cette complicité dont nous avions le secret mais sache que je ne retiens que le nectar de notre relation, ça me suffit.