Mieux vaut être seule que mal accompagnée
Par Audrey
Et si elle était là ma solution ? La solution ?
Rester célibataire, sans un homme dans ma vie, sans le chercher, sans le vouloir à tout prix. Ne pas faire de l’amour une quête absolue. Oh, pas pour la vie, je n’ai pas l’intention de finir vieille fille, comme le dit l’expression si jugeante, j’ai envie d’accorder à un homme la place vacante dans ma vie, mais un jour, le jour où j’aurai retrouvé mes illusion perdues. Parce qu’à ce rythme, de déceptions en désillusions, il ne va pas rester grand-chose de mes espoirs de grand amour et mon opinion sur la gente masculine risque d’être de plus en plus mauvaise.
Voilà, c’est pour ne pas perdre mes dernières illusions, qui ne tiennent plus qu’à un fil, que je pense qu’il est sain de faire une pause, de mettre une barrière entre eux et moi, de considérer mon célibat comme un détail et plus comme une façon de me définir ou une priorité.
Je suis une femme, trentenaire, maman solo, fille, sœur, amie. Cela me définit. Je suis célibataire, c’est juste un fait. Mais je ne veux plus subir ce statut comme un fardeau, j’en ai assez d’avoir cette étiquette collée en permanence sur le front.
L’impression d’avoir attrapé une maladie honteuse…
Entre les « Tu as trouvé ton bonheur ? » et les « Tu n’es toujours pas recasée depuis ta séparation ? », j’ai l’impression d’avoir attrapé une maladie honteuse et la pression sociale devient personnelle, le célibat est au centre de tous les sujets, toutes les conversations.
Si on dit qu’on ne cherche pas, qu’on est bien seule, on passe pour une menteuse, une femme aigrie ou blasée. A contrario, si on avoue espérer une belle rencontre, avoir des rendez-vous, on passe pour une collectionneuse, une croqueuse d’hommes quand on n’est pas carrément qualifiée de fille facile.
On se met une pression permanente qui rajoute à cette sensation de solitude affective déjà bien pesante. Alors oui, le célibat a de bons côtés. Aucune contrainte d’horaires, pouvoir vivre d’imprévus, ne rendre de comptes à personne. Sauf que, personnellement, je n’ai jamais considéré le couple comme une contrainte, comme une obligation, comme la fin de quelque chose. Au contraire. Etre à deux, vivre ensemble, c’est un choix, une envie. Et cela ne m’a jamais empêché de conserver une vraie vie sociale.
Pourquoi cette perception négative du couple s’est-elle autant répandue ? Pourquoi le « être deux » est synonyme de renoncement à son propre épanouissement ?
Aujourd’hui, nous sommes des millions de célibataires. Des millions à, soit-disant, rechercher la même chose, cette fameuse relation sérieuse, à vouloir vivre une belle histoire d’amour.
Et pourtant. Tout autour de moi, j’ai plutôt l’exemple de relations éphémères qui ne méritent d’ailleurs pas le qualificatif de relation, des plans d’un soir, des aventures, des amis qui couchent ensemble, les sexfriends tellement en vogue.
Des hommes et des femmes qui défendent leurs idéaux, leur envie de vibrer, de tomber amoureux, de construire, apparemment il y en a. Mais dans la réalité, on a l’impression de ne rencontrer que des gens qui ne se projettent plus, ne veulent pas s’engager, ont peur du moindre signe d’attachement, considèrent le couple comme un piège à leur liberté d’être eux-mêmes, comme une prison.
D’autres se cachent derrière la quête d’une évidence, leur évidence. Seulement, ils sont bien incapables de nous l’expliquer. Alors en attendant leur « évidence aux mille critères », ils courent après leur chimère en vivant des moments éphémères, consommant et jetant, pensant trouver mieux, plus compatible chez la personne suivante.
Les célibataires, des produits de consommation ?
Tout est tellement question de physique, de critères, de superficialité, comme dans un catalogue. On ne discute plus, on couche, on ne partage plus nos cœurs mais nos corps, on ne cherche plus à creuser, à découvrir l’autre dans sa complexité, dans sa totalité.
Alors, au début, on est naïve, pas assez prudente. On vit la moindre marque d’attention comme la promesse d’un intérêt sincère, le moindre rapprochement comme le signe d’un autre rendez-vous, la moindre intimité comme le début acté d’une histoire. Parce que ce mode de fonctionnement qui paraît niais ici, était pourtant celui qui créait les couples il n’y a pas si longtemps, et en crée encore, heureusement. On ne discutait pas avec dix personnes à la fois, embrasser n’était pas qu’un simple jeu et coucher un défi d’un soir.
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Il y avait cette vraie curiosité, ce jeu de séduction ; cette envie de connaître l’autre. On laissait au désir le temps de s’installer et on ne catégorisait pas sa vie, le couple était une source de joie et d’épanouissement, pas une contrainte.
Aujourd’hui, on ne peut plus s’emballer ou en tout cas laisser les étapes s’enchaîner naturellement, parce qu’il manque l’essentiel au départ ; la confiance et le respect. On croit se lancer dans quelque chose mais la plupart du temps, il n’en est rien, il n’y a pas de réciprocité. L’autre veut seulement jouer, passer du bon temps, tromper son ennui, ajouter une proie à son tableau de chasse.
On perd ses illusions
Alors oui, on n’est plus aussi ingénue, on perd ses illusions petit à petit, on devient prudente, puis vigilante pour finir par être carrément méfiante. On n’ose plus montrer ce qu’on ressent, dire ce qu’on veut, car cela est ringard, alors on enferme nos émotions et nos sentiments dans un coin de notre cœur, on bannit le romantisme et même la passion, la vraie, de notre langage et de notre mode de fonctionnement.
On essaie de réviser ses critères, on ne savait pas qu’il en fallait tant, pendant que l’essentiel se perd, et on tente de rentrer dans le moule, pour voir. Espérant la bonne surprise, celui ou celle qui au fond est peut-être comme nous mais le cache par peur d’être taxé d’idéaliste. Alors on essaie, une fois, deux, trois. On tombe dans le cercle vicieux de ce modèle de consommation relationnel, je ne peux pas écrire sentimental ou amoureux, parce que le sentiment amoureux n’a rien à voir avec cette jungle des profils, cette multiplication des rencontres superficielles, ce jeu éphémère des corps.
Mais on ne peut pas changer sa nature profonde, ses valeurs, ses aspirations. Alors arrive la fois de trop où on s’attache, pour rien, en vain. A une chimère, à des mensonges, à un simulacre de relation.
Mieux vaut être seul(e) que mal accompagné(e) !
Et là, il n’y a pas cinquante solutions si on veut, non pas s’en sortir émotionnellement indemne, car c’est trop tard, mais au moins conserver ses illusions restantes et ne pas finir blasée, la rage au ventre et la haine au cœur. Il faut dire stop. A lui, aux potentiels autres, à tout ce système malsain, à ce néant, ce vide. A ce dégoût qu’on risque d’avoir un matin en se regardant dans le miroir, d’y avoir cru, d’avoir pensé que la nuit passée ensemble était une promesse d’un à bientôt et pas un adieu. Afin de cesser d’attendre un message qui ne viendra pas ou qui sera décevant et peu respectueux, d’éviter à nos larmes de couler pour un homme qui n’en mérite pas le nom. Afin de ne pas laisser ce dégoût, la colère, la tristesse, la frustration ou l’incompréhension faire de nous des célibataires vulnérables ou en colère.
Il n’y a pas d’autre solution que de se déconnecter, de prendre du recul un moment avec ces rencontres éphémères et de prendre son temps. De se recentrer sur soi-même et surtout de ne pas se sentir forcément différente, décalée parce qu’on veut autre chose. Ou plutôt si ! Fière de célébrer cette différence et de vouloir être dans le « vrai » !
Alors oui, évidemment, chacun est libre de vivre son célibat à sa façon, en attendant de rencontrer celui ou celle avec qui l’envie d’une véritable histoire sera partagée.
Il ne faut laisser à personne ni aucun système le pouvoir de décider à notre place ce qu’on a le droit de ressentir et comment on peut vivre sa vie amoureuse. L’amour est une des plus belles choses qui existent, chacun est libre d’aimer à sa façon et d’avoir de vraies exigences en matière de respect, de sentiments, d’engagement. Mais il faut arrêter, pour les uns, de jouer et de blesser intentionnellement et pour les autres, de revoir ses exigences au rabais et de penser que l’amour sincère n’existe plus.
Et puis nous sommes ici pour parler d’amour et j’espère que nous pourrons encore en parler longtemps, en racontant de belles histoires, de celles de l’amour avec un grand A.