On attendait juste de l’amour
3 ans, depuis cette nuit.
9 JANVIER 2017 3 ans, hier soir : je l’attends, avec les enfants. Comme toujours, j’ai hâte de la revoir. J’ai hâte de dîner en famille, avec elle. J’imagine un dîner à 4. Je n’ai plus envie de passer mon temps sur l’ordi, sur cette put… d’encyclopédie et ce projet. J’ai juste envie de passer du temps en famille et avec mon amour, mon ange.
J’imagine des sourires, j’imagine des rires. J’imagine un jeu en famille. J’imagine des câlins, des mots d’amour. J’imagine des étoiles dans les regards. J’imagine qu’on va rattraper le temps perdu et ces vacances qu’on n’a toujours pas eues… J’imagine qu’elle aussi va ralentir… ça tombe bien, elle prévoit de rentrer tôt. Elle semble avoir hâte de rentrer… Je l’attends depuis le début de la soirée, pour préparer un bon dîner, en espérant lui faire plaisir.
Mais quelque chose ou quelqu’un semble la retenir…
Ce n’est pas dans ses habitudes. C’est même la première fois… Que se passe-t-il ? Elle ne devait pas travailler ce soir. Mais bon, des imprévus, dans son travail, il y en a souvent… Surtout dans une entreprise qui cartonne avec une chef épatante.
Elle dit qu’elle ne va pas tarder, qu’elle va arriver… plusieurs fois dans la soirée… Elle n’arrive toujours pas et je n’ai plus de nouvelles. Je m’inquiète pour elle et je ne sais pas si je dois faire à manger ou pas. Je décide de faire à manger pour les enfants, puis je les couche.
Et j’attends encore, pour manger avec elle et passer une soirée en amoureux, une soirée comme on essaie régulièrement d’en faire mais qu’on gâche presque toujours avec nos problèmes personnels… Je l’attends toute la soirée… puis toute la nuit…
3 ans, ce matin : elle rentre…
Je suis, comme chaque jour, de nouveau prêt à tout lui pardonner… Mais pas tout de suite… J’’attends des explications et j’attends ses excuses.
Elle, hésite (encore) à partir. Je n’en sais rien. Elle, attend, espère (encore), que quelque chose la retienne… ou la repousse pour de bon. Elle, espère un amour fort, plus fort que la colère, plus fort que la peur… plus fort que « Je t’en veux »… J’en espère autant.
J’espère ses excuses, j’espère qu’elle comprenne… J’espère de l’amour… Il n’en est rien. Je suis tellement déçu… que je pars me coucher sur le canapé, pour la première fois. Je la boude, je la fuis, je ne veux pas la voir pour ne pas m’énerver… Elle espère mes excuses, elle espère que je comprenne… Elle espère de l’amour… Il n’en est rien.
Elle est tellement déçue… qu’elle se prépare pour repartir à son travail… Elle me boude, elle me fuit, elle ne veut pas me voir pour ne pas s’énerver… Je veux juste passer du temps avec elle. Putain de travail qui lui prend tout son temps, toute son énergie… comme toutes les tempêtes de cet hiver… Elle vient à peine de rentrer et se prépare déjà à repartir, alors que je l’ai attendue toute la nuit.
Ça me fait craquer. Ça la fait craquer.
C’est là… qu’elle prend sa décision et me la jette en pleine face. C’est là, ce matin là, que j’ai vu son démon et qu’elle a vu le mien. Je ne sais pas qui a commencé… Je ne l’ai jamais su et ne le saurai jamais… Parce que personne ne commence.
On attendait la même chose… On a eu, tous les deux l’inverse… Pas d’orage (pas de violence), seulement des tempêtes de reproches. On attendait la même chose… Que ça s’arrête. Pas notre relation, non, cette chose qui nous fait attendre de l’autre ce que lui même attend de nous, cette chose qui nous fait reprocher à l’autre ce que l’autre nous reproche… On attendait la même chose… : de l’Amour.
Juste de l’amour, sans autre condition. La différence c’est que je n’abandonne pas. Rien ni personne. JAMAIS. Cet amour était bien là, bien présent, chaque jour. On était trop endormis pour le (sa)voir.
Patrick
