On n’est jamais mieux servie que par soi-même
Je ne pensais pas qu’il me restait tant de larmes à verser. Je croyais avoir assez pleuré. Pour tout ça, à cause de tout ça. Et pourtant… Le chagrin a décidé de s’inviter depuis quelques jours, et mes yeux restent humides de tant de larmes qui coulent et n’ont pas le temps de sécher sur mes joues avant la prochaine émotion trop envahissante, prête à me submerger. On n’est jamais mieux servi que par soi-même…
C’est un tout. Un trop plein. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase comme on dit. La période des bilans, avant celle des fameuses bonnes résolutions. Et ne veulent pour le moment faire surface que les échecs, les mauvais choix, les déceptions, les peurs et les questions demeurant sans réponse.
C’est comme si, brusquement, tout le positif avait décidé de s’envoler pour ne laisser apparaître que les doutes, les craintes, les incertitudes face à un avenir angoissant.
Selon le prisme à travers lequel on regarde, la situation paraît tellement différente. C’est surtout que lorsqu’on est en plein bouleversement, on réalise que notre enthousiasme et notre optimisme ne tiennent qu’à un fil. Le moindre grain de sable dans un rouage peut enrayer tout le mécanisme de la machine. On a alors l’impression de se retrouver à la case départ. De reprendre en pleine figure tous les problèmes qu’on espérait avoir résolus, tous les doutes qu’on pensait avoir laissés derrière soi. Mais il n’en est rien. Pas encore. Les bases sont encore trop fragiles, l’édifice n’est pas assez solide pour résister à une tempête d’émotions négatives et la moindre bourrasque de vent le fait tanguer.
Il faut du temps pour assurer sa prise, construire dans le roc et ne plus avoir cette sensation de reculer de trois cases à chaque moment où le spleen refait surface. Il faut l’accepter. Oui, accepter le fait qu’il y ait des périodes plus sombres, pendant lesquelles on a la sensation de cumuler tous les problèmes et de ne plus avoir la force pour les affronter, l’énergie nécessaire pour y faire face et le recul pour y trouver des solutions.
Ce soir, je me noie.
Ce soir, je me noie dans mon désespoir, dans un océan de pessimisme et je déteste cet état. Je déteste me sentir impuissante face à ces émotions qui me submergent, incapable de trouver des solutions efficaces à mes soucis qui s’accumulent, en colère contre moi-même et mes faiblesses.
L’introspection aide à temporiser, à analyser posément, à régler les choses une par une. Mais quand le corps vous lâche, que le cœur s’en mêle, alors votre tête, malgré tous les outils utilisés, devient impuissante à faire face à la situation. Je me sens dépassée, tout simplement. Perdue, inquiète, coupable à nouveau, avec cette incapacité physique à réagir.
Avez-vous déjà eu la sensation de ne pas être à votre place ? Et la croyance de plus en plus ancrée, jusqu’à devenir une certitude, que vous ne menez pas la vie faite pour vous ?
Je pense que nous sommes nombreux à ressentir cela, lorsque nous devons affronter une situation difficile qu’elle soit professionnelle, familiale, sentimentale. Mais il arrive un moment où ce stade d’intolérance est dépassé, on devient quasi allergique à ce qui faisait notre vie jusque-là. Mes réactions deviennent épidermiques, la sensation d’oppression est réelle, il n’est plus simplement question de métaphores et de sens figuré mais de la réalité. Je n’arrive plus à bien respirer, à être moi-même, tout simplement au sens propre dans ma vie actuelle. Plus les jours passent, plus ma conscience de cette vérité s’accentue et l’impression de foncer dans le mur si je ne fais pas quelque chose se renforce. Littéralement.
Je croyais avoir entamé ce changement, être sur le bon chemin, dans la direction souhaitée. C’est sûrement le cas mais mes émotions négatives prennent trop le dessus pour le moment et font ressortir mes anciennes angoisses et mes croyances limitantes. Il faut continuer à y croire, à se battre, ne rien lâcher mais quand on se sent trahie, abandonnée par son propre corps, son cœur, alors il est parfois difficile de relativiser, de garder un espoir de tous les instants et son objectif en vue.
Parfois, on a juste besoin d’encouragements
D’autant plus quand tout cela ne tient que sur vos seules épaules. Parfois on a juste besoin d’encouragements, de soutien, de vrais appuis, mais ils nous font défaut dans les moments clés de notre vie. On est seule face à ses choix, ses doutes, des décisions qui peuvent tout changer.
Je dresse un tableau plutôt sombre j’en ai conscience, et heureusement cet état d’esprit ne durera pas. Mais je crois qu’accepter ses faiblesses est un bon moyen de les combattre ensuite, en tout cas de ne plus les laisser nous envahir et nous paralyser à la prochaine crise d’angoisse, au prochain soir de spleen.
La solitude, quant à elle, est parfois un vrai fardeau pour affronter tout cela, il ne faut pas se mentir, parce que c’est toujours plus facile et rassurant de pouvoir partager avec quelqu’un ses interrogations sur un projet de vie, sur ce qui nous tient à cœur. Et c’est assez décevant de constater que lorsque vous avez un rêve, un but, le soutien s’envole, les actes disparaissent pour ne laisser la place qu’à de vaines paroles.
Par désintérêt, indifférence, incompréhension, égoïsme ?
C’est assez déroutant, et surtout cela attriste. Certes, on ne réalise pas son rêve pour les autres, on ne vit pas pour eux. Mais se confronter à cette solitude alors qu’on aimerait être stimulée, comprise, encouragée, nous oblige à nous endurcir encore plus. Quand on aime échanger, partager, s’enrichir de l’avis des autres et conseiller quand on le peut, il est parfois douloureux de réaliser que la profondeur laisse trop souvent la place à la superficialité dans les échanges et que la réciprocité n’est pas un réflexe pour tous. Alors on croit de plus en plus à l’adage selon lequel on n’est jamais mieux servie que par soi-même…
Enfin ce soir, le plus important c’est de résister à cette déferlante de tristesse et ces vagues de doutes, chasser les « je n’y arriverai jamais » de mon esprit et ne pas me détourner de mon but, même s’il est encore loin, encore flou. Rien n’est impossible, tant qu’on n’a pas essayé, même si les obstacles sont nombreux. S’accrocher à son objectif, réaliser un rêve, c’est forcément actionner son ascenseur émotionnel. Nos craintes, nos difficultés, les questions par centaines, la fatigue, donnent parfois, souvent, l’envie de tout laisser tomber, d’abandonner.
Et la solitude n’aide pas.
Ou peut-être que si. Parce qu’elle renforce, et qu’elle permet un nouveau sentiment jusqu’alors trop méconnu, lorsqu’on manque de confiance en soi et en son potentiel ; elle ouvre la porte à une nouvelle estime de soi, à de la fierté, celle de la persévérance, du travail accompli, du chemin parcouru pour accomplir son rêve. Et cela, au final, on ne le doit qu’a soi-même.
Audrey