L’amour fait parler, couler beaucoup d’encre, créer, inspire et c’est tant mieux. Il n’y a rien de plus beau de que lire, de voir, de contempler des choses à propos de l’amour, de ce sentiment si puissant, universel qui fait de nous ce que nous sommes, des êtres humains dotés d’émotions et de sentiments. Mais bien que l’amour soit universel, il existe plein de façons différentes d’aimer, de montrer son amour, de le partager, de le vivre. L’amour est associé à plein d’autres sujets car il conditionne la plupart des relations humaines et ainsi, il peut parfois déranger, bousculer ou opposer certaines personnes qui ne partagent pas la même vision de l’amour. En amour, existe-t-il des choses interdites ? Doit-on avoir honte de ressentir certaines choses, doit-on culpabiliser ? Et d’un autre côté, a-ton le droit de juger les autres pour leur manière différente de la nôtre d’aimer et de vivre leurs histoires d’amour ? Peut-on tout se dire dans un couple ? Est-il sain de tout dire ou doit-on taire certains sujets ? Y a-t-il des sujets tabous en amour ?
Est-il vrai de dire qu’il n’y a pas de sujets tabous en amour ?
Quand on pense à l’amour, on pense à la beauté du sentiment amoureux, à sa pureté, sa sincérité. On a une vision romantique, magnifiée, idéale de l’amour parce que c’est ainsi qu’on aimerait tous le ressentir, le partager, le vivre. Dans une belle histoire sincère et réciproque, où tout pourrait se partager, tout est bon à dire et où l’on peut tout entendre.
Est-ce vrai ? Dans une relation amoureuse, au sein d’un couple, est-ce qu’on peut tout se dire ?
Je ne parle pas ici de cacher certaines choses de son passé par exemple, de mentir, non mais est-il réellement possible d’évoquer tous les sujets de l’amour et sur l’amour dans le cadre de son couple sans fausse pudeur, sans indécence ? Doit-on vraiment tout partager dans un couple ?
Et surtout, est-il possible de parler d’amour autour de nous, avec nos proches, notre famille, nos amis, notre entourage mais aussi des gens que nous connaissons à peine, sans risquer de déranger, de choquer, si nous ne partageons pas la même vision des choses de l’amour ?
L’amour qui se décline pourtant depuis toujours et sur tous les supports, dans les livres, dans les chansons, dans les films, sur les tableaux, les sculptures et bien d’autres, l’amour semble être un sentiment fédérateur, qui rassemble plus qu’il ne nous oppose.
Et pourtant…
Certains sujets directement liés à l’amour continuent à déranger, à réveiller certains comportements critiques, à susciter des réactions méprisantes parce que même l’amour, quelque part, n’a pas le pouvoir absolu de réunir.
On aime tous différemment, on vit tous nos histoires d’amour selon nos propres codes, et cela porte parfois à jugement.
Les sujets tabous les plus courants en amour
Depuis que j’écris sur les relations humaines en général et sur l’amour en particulier, j’ai remarqué beaucoup de bienveillance et de solidarité dans les partages et les commentaires et c’est ce que je veux retenir avant tout. Mais il y a également, il ne faut pas se voiler la face, un certain nombre de commentaires désobligeants, parfois même insultants, de réactions de mépris, de jugements hâtifs face à certains témoignages, sur certains sujets.
Et ce sont souvent les mêmes thèmes qui dérangent, qui soulèvent des critiques, mais qui sont loin d’êtres constructives car elles jugent juste la personne qui a vécu la situation, en la pointant du doigt comme si elle représentait le mal.
Ces sujets tabous qui font polémique sont principalement ceux des relations physiques et de l’adultère.
Les rapports charnels, encore tabous en amour ?
Je peux comprendre la pudeur de certaines personnes face à certains sujets comme le désir physique et le plaisir, je peux comprendre que cela soit parfois perçu comme indécent, selon les sujets et l’approche qui en est faite.
Aujourd’hui plus encore, le désir physique est au centre des relations sentimentales comme si c’était la seule chose importante, comme si seul cela comptait. Le désir perd de sa saveur première pour ne devenir qu’un simple outil de consommation à outrance, et dévalorise de plus en plus l’amour qui n’est plus au centre des relations amoureuses, puisque de toute façon, on vante de plus en plus haut et fort que l’amour n’est plus nécessaire pour être heureux.
Néanmoins, s’il y a bien une chose qui doit rester belle, qui ne doit pas être salie c’est l’association de l’amour et du plaisir physique.
Désirer la personne qu’on aime est quelque chose de naturel, de sain, de beau. En parler ensemble et en parler autour de soi reste un choix et une liberté que personne d’extérieur au couple n’a à juger.
Etre dérangé ou choqué par certaines pratiques (le libertinage et les couples libres, le sadomasochisme ou tant d’autres choses) que l’on juge déviantes ou par cette nouvelle liberté « s.e.x.u.e.l.l.e », c’est un droit.
Chacun a le droit de ne pas valider, de ne pas comprendre, de ressentir une gêne, du dégoût, un blocage face à certaines pratiques mais pour autant, cela ne fait pas de ceux qui vivent leur intimité autrement, par choix libre et consenti, des personnes déviantes ou des bêtes de foire.
L’adultère perçu comme le mal absolu est le sujet tabou par excellence
Les réactions les plus vives, les plus critiques, les plus violentes même, se réveillent souvent lorsqu’on parle d’adultère, de tromperie, d’infidélité, de double vie. Que ce soit l’homme ou la femme qui trompe, ou la maîtresse et l’amant, chacun incarne selon les gens le mal absolu, le « diable en personne ».
L’image du mari qui trompe sa femme avec une femme de mauvaise vie qui le retient dans ses filets grâce aux plaisirs de la chair, mais qui pour autant ne quitte pas sa femme à cause des enfants et du confort de son foyer, a la vie dure.
Comme il y a des femmes qui trompent leur mari avec un collègue, un ami, un homme rencontré par hasard mais qui ne quittent pas non plus leur époux. Cela existe dans les deux sens.
C’est une réalité, cela existe depuis toujours. Il y a des hommes et des femmes infidèles. La morale dit que c’est mal, qu’on fait souffrir l’autre, qu’on vit dans le mensonge. Tout cela est vrai.
Mais qui sommes-nous pour juger des situations que nous ne connaissons pas, que nous n’avons pas vécues, des gens que nous n’avons jamais rencontrés ? Et si au contraire nous avons connu cette situation, pourquoi cracher sa rancœur sur quelqu’un qui vit la même chose ?
Je ne dis pas qu’il faut banaliser ce sujet, bien sûr que non, mais je trouve cela dommage de ne pas pouvoir parler de cela sans craindre à chaque fois des réactions véhémentes, parce que c’est tabou, honteux, qu’il faut le taire.
Cela existe, et en parler ne veut pas dire qu’on fait l’apologie de l’adultère et de l’infidélité. Cela signifie juste que c’est un sujet inhérent à l’amour, c’est ainsi et que ce n’est pas à nous de dire ce que ces personnes doivent faire, à moins qu’elles ne nous le demandent !
Les sujets tabous en amour ne sont-ils pas le reflet de nos peurs ?
Il y a plein d’autres sujets qui peuvent porter à controverse, à opposition, qui peuvent être considérés comme tabou en amour.
Ce qui relie toutes ces choses jugées inconvenantes, n’est-ce pas le fait qu’elles nous posent question ou nous font peur ?
Les choses que nous ne connaissons pas ont cette faculté de nous faire craindre le pire, et l’ignorance et l’incompréhension sont de solides vecteurs de jugements. On a peur d’être trompé, on a peur quand on voit comment fonctionnent certains couples, alors on méprise, on juge. C’est tristement banal, tristement humain.
Quand c’est tabou, a priori on n’en parle pas, c’est la définition même. Alors ces sujets-là que certains ne comprennent pas ; ils refusent d’en parler dans leur couple, avec leurs proches, mais pourtant ils laissent libre cours à leur dégoût et leur mépris sur les tribunes publiques telle que les réseaux sociaux, les blogs et les forums car c’est beaucoup plus facile de cracher sa haine de façon anonyme tout en se cachant derrière l’idée que c’est tabou.
Nous avons tous notre façon d’aimer, d’envisager notre vie amoureuse, de tolérer certaines choses dans notre couple ou pas. C’est notre liberté.
Mais ces schémas ne sont pas pour autant figés car il n’existe pas une seule façon d’aimer, il n’existe pas de mode d’emploi unique, de façon de faire universelle. On parle d’amour, donc de sentiments et d’émotions, et ce sont des choses propres à chaque être humain donc il est logique que personne ne voit les choses de la même façon.
Faire preuve de tolérance même si on en comprend pas, même si on se dit « moi je ne ferai jamais ça » est juste un signe d’ouverture d’esprit, de bienveillance. Cela ne veut pas dire que vous validez, que vous devez en parler.
A chacun ses tabous, mais en amour, chacun est libre d’aimer à sa façon, de considérer ce qui est tabou ou non pour lui et pour son couple.
Chacun a le droit de cultiver son jardin secret et de ne pas parler de certains sujets, comme il est permis au contraire de parler des choses de l’amour sans devoir à chaque fois se justifier.
Comme la religion, la politique ou l’argent pour beaucoup à d’autres niveaux, il y aura toujours des sujets tabous en amour, des sujets dont on ne veut pas parler mais pour lesquels on ne peut s’empêcher d’exprimer son désaccord pourtant.