Il n’est pas rare d’entendre que son enfant se comporte différemment avec ses parents qu’avec d’autres adultes. A l’école ou à la crèche, chez la nounou ou chez les grands-parents, c’est un amour ? Mais à la maison, c’est tout l’inverse ? Ce comportement est souvent perçu comme un caprice de la part de l’enfant ou comme un manque d’autorité parentale de la part des parents, notamment de la maman. Ils ont alors l’impression d’être de mauvais parents, d’être dépassés, d’être jugés. Pourquoi mon enfant obéit aux autres et pas à moi ? Et si, en fait, il ne s’agissait de rien de tout ça et qu’il y avait une explication aux crises de colère ou de stress de votre enfant ?
Pourquoi mon enfant obéit aux autres et pas à moi ?
Aucun enfant n’est parfaitement sage, mais il est vrai que certains d’entre eux sont plus calmes que d’autres. Chaque enfant est unique, avec son caractère, sa personnalité, sa façon de réagir à des situations et de vivre ses émotions. Mais par définition, un enfant n’a pas encore tous les codes pour comprendre ses émotions justement, et il est normal qu’elles le submergent. Cela explique alors les débordements possibles de son comportement. L’enfant a besoin d’exprimer un mal-être à un instant précis, et n’ayant pas encore les capacités pour gérer ses émotions, celles-ci débordent.
C’est parfaitement normal. Mais la question qu’on peut se poser, c’est pourquoi mon enfant obéit aux autres et pas à moi ? Et pourquoi cela arrive souvent au même moment de la journée, principalement avec les parents ou dans certaines situations ? Voici les éléments de réponse.
Le jugement des autres
Quel parent, dont l’enfant est « turbulent » avec eux et sage comme une image avec les autres, n’a jamais entendu une des phrases suivantes ? De la part, souvent des grands-parents, de la nounou, de la tata ?
- « C’est un amour ! On ne l’entend pas ».
- « Je l’ai couché sans aucun problème, moi ! »
- « Il n’y a qu’avec toi qu’il fait le difficile »
- « Moi, je ne cède pas, il/elle l’a bien compris ! »
En tant que parents, vous vous demandez sans doute pourquoi et c’est parfaitement normal de vous poser cette question. Surtout, que sous couvert de vous aider par leurs conseils, vous sentez pointer le jugement de vos proches sur la manière d’élever votre enfant. Trop laxiste, trop sévère ?
Bien souvent, les commentaires de l’entourage vont en effet bon train et de ce fait, vous vous sentez remis en question dans votre rôle de parent.
« Qu’est-ce que je fais mal ? »
Rassurez-vous, ce n’est pas de votre faute et les conseils de vos proches, d’autant plus s’ils sont jugeants, ne vous seront d’aucune aide. Bien sûr, il ne faut pas tout céder à son enfant, pour son bien, il faut savoir dire non. Mais lors de ces moments où il est particulièrement agité, en colère, stressé, dites-vous qu’il y a une explication à son état et à son comportement avec vous.
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Pourquoi mon enfant obéit aux autres et pas à moi ?
L’explication principale : la théorie de l’attachement
Le concept de figure d’attachement principale
La théorie de l’attachement, c’est le besoin vital, pour un enfant, depuis bébé et pendant plusieurs années, de pouvoir créer une relation d’attachement privilégiée avec au moins une personne adulte (souvent les parents) qui prend soin de lui de façon régulière et lui apporte de l’affection.
Ce besoin de l’enfant à créer un lien d’attachement avec une figure qui l’aime inconditionnellement est vital pour avoir un développement social et émotionnel sain et équilibré.
L’attachement affectif est un besoin fondamental inné de l’enfant au même titre que les besoins physiologiques afin de lui permettre de se sentir en sécurité.
Sa figure d’attachement principale, qui va prendre soin de lui en priorité et de manière privilégiée, est souvent la mère.
Plus le lien est nourri, plus l’enfant développe ses compétences émotionnelles, sociales et intellectuelles. Ensuite, l’enfant développe des figures d’attachement secondaires, avec l’autre parent, la nounou, la mamy, etc.
La figure d’attachement n’a rien à voir avec l’amour. L’enfant n’aime pas sa mère plus que son père ou inversement. C’est un repère pour lui afin de se sentir parfaitement en sécurité et auprès de qui il sait qu’il va pouvoir se recharger émotionnellement parlant.
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Le besoin de décharge émotionnelle
Cela survient souvent après le congé maternité de la maman ou le congé paternité du papa, ou un plus long congé parental. Ce moment difficile de la séparation quand le ou les parents retournent travailler et que bébé se retrouve en garde chez la nounou ou à la crèche. C’est aussi un comportement qui a lieu lors des premières années d’école.
En effet, pendant la journée, l’enfant subit une quantité de stress énorme à son niveau. Il doit faire face à des situations nouvelles seul sans sa figure d’attachement principale, papa ou maman. Il va donc contenir son stress et ses émotions.
Le soir venu, une fois qu’il retrouve ses parents, il se sent suffisamment à l’aise pour s’exprimer. Et cela se fait de façon incontrôlée puisqu’il n’est pas encore en capacité de doser ses émotions ou de les expliquer. Puisqu’il ne comprend pas comment et pourquoi il ressent de la colère, de la peur, de la tristesse, de l’inconfort. Sa seule façon de l’exprimer est de vous l’imposer de manière souvent violente, par des pleurs, des cris, des coups même parfois.
Les parents ont alors le sentiment que leur enfant se décharge sur eux. C’est vrai mais ce qu’il faut comprendre, c’est que c’est justement parce qu’il se sent en confiance et en sécurité qu’il se laisse aller ainsi.
Une fois à la maison dans son cocon, l’enfant trouvera en effet le confort nécessaire qui favorisera une réaction émotionnelle parfois démesurée. Cette dernière dépendra de la quantité de stress accumulé pendant la journée.
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Le manque d’obéissance : une réaction normale de l’enfant ?
Si on suit cette théorie, on comprend alors que ce qu’on appelle un caprice est en fait la plupart du temps un débordement émotionnel dû au besoin de l’enfant de trouver une réponse à un inconfort, un stress ou une angoisse.
Incapable de combler lui-même son besoin, pas suffisamment en confiance pour le faire avec une figure d’attachement secondaire ou un autre adulte, il attend le retour auprès de lui de sa figure d’attachement principale pour lâcher prise totalement. Et à cet âge, cela passe forcément par les cris, les pleurs, les non répétitifs et le chantage.
En agissant ainsi, votre enfant cherche en fait à ce que vous l’aidiez à sortir sa colère, à comprendre son émotion. Petit, il n’attend pas nécessairement une réponse, mais du réconfort de votre part. Evidemment, cela est inconscient de sa part mais fait partie de son développement.
La nécessité de bien communiquer avec son enfant
Cependant, on ne peut pas tout solutionner avec la théorie de l’attachement et la façon dont les parents la gèrent au quotidien. Chaque enfant est unique, et un enfant n’est pas fait pour être tout le temps sage, calme, silencieux, obéissant. Un enfant est intuitif et son raisonnement reste partiel. Et il apprend au fil des années à comprendre ses émotions et à se construire sa personnalité.
Il ne s’agit donc pas de le faire entrer dans une case coûte que coûte mais de l’aider à gérer ses émotions. Pour cela, les adultes qui s’en occupent ont les ressources suffisantes pour l’aider à comprendre les règles incontournables et à les respecter. Une consigne claire et orientée sur ce qui est permis plutôt que sur l’interdit est essentielle. Un enfant a besoin d’une communication saine et bienveillante pour se situer, il n’a pas encore tous les codes sociaux pour savoir comment se comporter.
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Pourquoi mon enfant obéit aux autres et pas à moi : des solutions ?
Voici quelques clés pour vous aider à sortir de cette situation qui peut être usante au quotidien. Une fois que vous avez compris le rôle que vous devez jouer auprès de votre enfant en tant que figure d’attachement principale, il est important de le rassurer, de l’apaiser quand son stress se réveille.
Pour cela, accueillez les émotions de votre enfant avec bienveillance et empathie en l’aidant à les nommer : « je vois que tu es triste/en colère/vexé… » selon son âge.
De plus, lui faire un câlin lui permettra de retrouver son calme et de calmer son stress ou son angoisse. Ainsi, l’ocytocine, l’hormone de l’amour et du calme, remplacera l’adrénaline et le cortisol, sécrétées par le stress.
S’il est plus grand, la communication bienveillante consiste à l’aider à trouver lui-même une solution pour calmer sa colère ou son stress.
Un parent n’est pas parfait, un enfant non plus ! L’important est d’être à l’écoute et de faire de votre mieux. Vous avez le droit de ne pas être toujours disponible à 100% pour votre enfant. Fatigué, malade stressé, expliquez-lui avec des mots qu’il pourra comprendre, pour que votre enfant sache qu’il n’y est pour rien.