Retrouver son amour de jeunesse après 50 ans peut paraître fou et pourtant cela arrive ! Jeannette nous a raconté son histoire d’amour. Un amour qui a traversé les années, les kilomètres et les difficultés. 50 ans après ils se sont retrouvés. Et pas de doute : leur amour est toujours aussi fort. Un témoignage que vous n’êtes pas prêt(es) d’oublier !
L’amour de jeunesse, la rencontre
Mon histoire d’amour commence en 1971 en Martinique. J’avais alors presque 16 ans. C’était la première fois que ma mère m’autorisait à aller dans une surprise party, dans ce temps-là, c’était le nom pour une soirée dansante. Ma mère m’a permis d’y aller avec ma sœur aînée, qui n’était pas très enchantée d’y aller d’ailleurs, vu qu’elle y allait avec son copain. Je ne le savais pas encore mais ce soir-là, j’allais rencontrer mon premier et unique amour.
Vers 22h voilà qu’un jeune garçon que je n’avais pas vu, mais qui avait déjà l’œil sur moi vient m’inviter à danser. Nous avons fait trois ou quatre danses et je me sentais si bien dans ses bras… Puis nous avons continué à danser ensemble pendant le quart d’heure de charme, qui durait au moins 20 à 25 minutes de slows. À vrai dire je n’étais pas très calée là-dessus mais il m’a appris les bons pas ! J’étais déjà tellement éprise de lui. C’était un véritable coup de foudre !
Ma sœur, qui avait tout suivi de notre rapprochement, m’a dit que c’était l’heure de rentrer à la maison. Quelle ne fut pas ma tristesse ! Je me suis excusée auprès de lui en lui disant que j’étais obligée de rentrer avec elle, puisque ma sœur était en quelque sorte mon chaperon (elle était là pour me surveiller). En partant secrètement mon chabin a eu juste le temps de me demander s’il pouvait m’écrire. Je lui ai alors demandé comment est-ce qu’il ferait pour me donner la lettre et il m’a répondu près de la fontaine ! À l’époque nous n’avions pas d’eau courante à la maison et nous allions puiser l’eau à la fontaine qui se trouvait non loin de chez ses parents au quartier Bonny.
Les débuts de notre histoire d’amour
Malheureusement je ne pouvais pas aller chercher de l’eau vu que les fûts étaient remplis… Lui est venu à la fontaine durant deux jours pour me donner cette fameuse lettre. Il m’avouera plus tard qu’il avait déchirer de nombreuses feuilles avant de trouver les bons mots pour me demander de sortir avec lui. Le jeudi il m’a remis la lettre très rapidement car j’étais toujours accompagnée d’une sœur.
Lorsqu’il m’a donné la lettre il est parti en sautant comme un petit cabri tant il était content et heureux ! Il m’a demandé la réponse et je lui ai répondu : « si je ne t’ai pas dit non c’est que c’est oui ». Plus tard quand nous nous sommes revus il m’a avoué ne pas avoir mangé tant il était content qu’on soit ensemble. Notre relation a duré ensuite un peu plus d’un an.
Ma mère espérait que ce serait moi qui les sortirais de la misère un jour, puisqu’ avant de rencontrer mon C., j’étais une élève très studieuse. Mais dès que je suis tombée amoureuse, tout a changé. Je ne me comportais plus comme avant. À la campagne et à mon âge, il n’était pas vraiment convenable d’avoir un petit copain donc nous étions constamment surveillés par mes sœurs aînées et les voisins : ma mère était toujours au courant de mes rencontres avec lui ! Il ne pouvait d’ailleurs pas venir voir mes parents à cause de mon jeune âge et de l’importance qu’ils plaçaient en moi.
Il occupait constamment mes pensées. Je dormais mal et je faisais semblant de faire mes devoirs. Je me sentais vraiment mal lorsque je ne pouvais pas le voir. Lorsque nos horaires ne concordaient pas, il est arrivé que je passe le voir près de son lieu de travail. Mais il m’a conseillé de ne pas trop venir, car les mauvaises langues pourraient en informer ma mère, ce qui n’était pas digne d’une adolescente. J’avais 16 ans et lui 22 ans au moment de notre rencontre. Un soir où ma mère était à un mariage, je l’ai ramené chez nous pendant que mes frères et sœurs dormaient à points fermés. Ce soir-là, on a fait l’amour, il a été si délicat, si tendre, si caressant. Mais j’ai remarqué quelques semaines plus tard que mes seins avaient grossi…
Un samedi, ma mère a décidé d’organiser une surprise party, comme certains voisins le faisaient pour gagner quelques francs. Ce que je ne savais pas c’est que ma mère avait organisé cette soirée dans le but de ridiculiser mon C. devant tout le monde !
Dès que je l’ai vu dans notre salle à manger, je me suis précipitée vers lui pour danser, car depuis notre rencontre, c’était seulement la deuxième fois que nous dansions ensemble. Cependant, ma mère, qui attendait en embuscade dans sa chambre, est venue me séparer de lui et l’a mis à la porte. Il était si furieux, lui et ses deux amis sont partis, remplis de colère. J’ai pleuré toute la nuit, craignant de perdre mon bel amour. Mais nous nous sommes revus en cachette, chaque fois que nous le pouvions. Nous étions vraiment épris l’un de l’autre.
Un dimanche après la messe, j’ai décidé que si ma mère ne l’acceptait pas, je préférerais mourir par amour. Alors après la messe, j’ai acheté du Rubigine avec l’intention d’en finir. Heureusement, j’en ai parlé à ma meilleure amie cette après-midi-là, car elle se trouvait dans la même situation avec son petit copain. Elle a averti mon C. qui m’a suppliée de ne pas faire ce geste car il m’aimait plus que tout. Il m’a dit qu’il ne pourrait vivre sans moi et que si je devais partir ma mère le tiendrait pour responsable de ma décision. Finalement, il a réussi à me faire changer d’avis. Après avoir appris ça, ma mère m’interdisait encore plus de le revoir. Mais je n’avais pas le choix, car je ne pouvais penser qu’à monC. Pour moi, c’était une preuve supplémentaire de notre amour.
Un matin très tôt, quand toute la maison dormait encore, ma mère m’a réveillée et nous nous sommes rendues chez ma sœur aînée, qui vivait un peu plus loin de notre maisonnette. Nous sommes arrivées tard dans la nuit. Lorsque nous sommes arrivées chez ma sœur, celle-là même qui m’avait emmenée au bal pour la première fois, j’ai pensé seulement que j’étais privilégiée d’être invitée dans sa nouvelle maison !
Je suis entrée, le sourire aux lèvres, ma sœur m’a fait visiter la petite salle à manger, sa petite chambre. Puis en dernier une autre chambre plus petite. C’est à ce moment-là que j’ai entendu la porte se refermer et le bruit de la clé qui tournait dans la serrure. Elle m’avait enfermée. Et j’ai eu beau crier, frapper à la porte, personne ne m’a ouvert ou entendu ! J’ai rapidement compris que ma mère et ma sœur aînée m’avaient kidnappée.
Je pleurais sans cesse, en appelant mon C. Cependant, dans les années 70, les petites maisons étaient si éloignées les unes des autres que personne ne pouvait entendre mes cris. Je ne savais pas quelle heure il était et, plongée dans l’obscurité, la porte s’est finalement ouverte. À ma grande surprise, en plus de ma mère et de ma sœur, il y avait une femme que je ne connaissais pas. Au tout début, je pensais simplement qu’elle était une voisine. Cette femme leur a ordonné de me bâillonner et de m’attacher les jambes écartées. Jamais je n’aurais pu imaginer ce qui allait se passer…
L’arrivée en France métropolitaine
Après qu’elles m’ont avortée de force, je ne devais plus revoir mon C, sinon ma mère aurait porté plainte pour détournement de mineur et il aurait été incarcéré. Alors, ma mère en complicité avec la sœur de mon futur mari, D., un homme habitant en France métropolitaine m’a envoyée chez lui à Rennes, ce pour quoi j’ai été contrainte de quitter l’île… Dans le train qui nous conduisait à Rennes, je me sentais extrêmement mal à l’aise en présence de cet homme que je connaissais à peine, d’autant plus qu’il n’était pas l’homme que j’aimais. J’étais en France comme on disait dans le temps, avec la rage accompagnée d’une souffrance émotionnelle.
Le voyage jusqu’à Rennes me parut interminable. Je me languissais tellement de mon chez-moi… J’avais l’idée d’emménager dans un appartement, mais au lieu de ça, je me suis retrouvée dans un hôtel. J’étais déçue, une petite pièce avec une kitchenette, un canapé-lit. Je me demandais où j’allais bien pouvoir dormir après toute cette fatigue accumulée.
Je ne voulais pas que ma mère sache comment je me portais, donc c’est lui qui donnait des nouvelles à sa sœur qui faisait le relais à ma mère, je souhaitais que ma mère souffre autant qu’elle m’avait fait souffrir… D. et moi étions devenus amis. Ma situation n’était pas si mal. Les jours passaient rapidement, les mois se sont écoulés, puis une année. Mais chaque jour, je ne pouvais m’empêcher de penser à mon C. C’était extrêmement difficile pour moi, et je pleurais souvent.
Avant de dormir, les amis de D. venaient me remonter le moral. Parfois, nous dînions ensemble, je me souviens que le plat typique était les pâtes aux sardines ! Toutefois, je maigrissais à cause du chagrin causé par l’absence de mon C. J’avais si peur qu’il pense que je l’ai trahi…
Puis nous avons déménagé à Paris, je m’étais dit que ce serait plus simple pour rejoindre la Martinique. Avec son diplôme en poche, D. a vite trouvé du travail à la GMF dans le 19ème arrondissement. Malgré notre amitié et la confiance que j’avais en lui, rien n’avait changé. Je désirais ardemment retrouver l’homme de ma vie, mon bel amoureux. Cependant, j’ai rapidement été déçue, je n’avais pas assez d’argent, il m’était impossible de rentrer en Martinique, et j’étais bloquée à Paris.
Tout se passait plutôt bien entre D. et moi. En revanche, quelques mois après, nous avons fait l’amour et après cette fois, je ne voulait plus qu’il me touche, car j’avais trahi mon C. Je suis finalement tombée enceinte… Toutes les pensées liées à la terrible nuit en Martinique me revenaient en tête, et j’entendais à nouveau les paroles de la femme qui en tenant ses aiguilles à tricoter avait dit à ma mère : « Il se peut que votre fille ne puisse plus avoir d’enfant. »
Le premier enfant
Au départ, je n’ai rien dit à D, mais avec le temps, je sentais les transformations dans mon corps. Mes seins, mon ventre… J’étais réellement enceinte, et cela m’a procuré une grande joie. Il l’a finalement su après quelques visites médicales. Puis, un jour, alors que je voulais me raser les parties intimes, je me suis regardée dans le miroir et j’ai vu des cheveux : c’était la tête de mon bébé. Je me suis rendue seule à la maternité, qui n’était pas loin, et j’ai accouché sans ressentir de douleur, donnant naissance à un magnifique garçon. Il était mon miracle, mon fils bien-aimé. Depuis ce jour-là, je ne voyais et ne m’occupais que de mon fils T.
D. ne semblait pas se soucier de son fils, et j’ai remarqué qu’à mesure que notre fils grandissait, il lui montrait de moins en moins d’affection. Il n’avait aucune tendresse pour son propre enfant. Pour ma part, j’étais la femme la plus heureuse au monde avec mon enfant.
En 1977, nous sommes retournés à Fort-de-France, en Martinique, chez ma mère, pour un mois de vacances. Pendant ces vacances, j’allais presque tous les jours au François pour essayer de retrouver mon C, qui travaillait comme pompiste à l’époque. Le problème était que je pensais pouvoir le retrouver sans l’aide de personne. Je suis repartie bredouille en métropole. Sans savoir qu’il habitait également en France métropolitaine !
En février 1979, je suis retombée enceinte, je n’avais pas refait l’amour avec D depuis la naissance de T. Après avoir appris la grossesse, D m’a demandée en mariage. J’ai accepté lorsqu’il m’a dit que c’était pour que les enfants puissent porter son nom. Et voilà, je me suis mariée avec un ventre bien rond. Mais même avec nos deux enfants, je ne l’ai jamais aimé…
C’est mon C., lui et personne d’autre. Je ne l’ai jamais oublié, si bien qu’un beau jour, trois ans après mon mariage, je lui ai dit que je ne pouvais pas rester avec lui, que je ne l’avais jamais aimé, et qu’il valait mieux divorcer à l’amiable. Nous avons alors divorcé en 1982 et j’ai déménagé à Saint-Denis. Mais lorsque j’ai appris qu’il était malheureux, je l’ai invité à revenir chez moi en tant qu’amis. Il est resté et nous étions bien tous ensemble. Finalement, un jour, étant rentrée plus tard du travail, il m’a fait une remarque. Je lui ai alors dit qu’il avait une semaine pour quitter mon appartement. Et il l’a fait. Il est parti pour la Martinique et a ouvert son propre garage.
J’ai rencontré un autre homme et je suis une nouvelle fois tombée enceinte. La gynécologue m’a dit que je devais avorter à cause de la toxoplasmose. Mais je n’aurais pu le faire, car j’avais trop de souvenirs de mon avortement forcé. C’était une fille, très malade avec de nombreuses allergies, mais elle était parfaite ma petite. Son père, qui était marié, s’est immiscé dans notre vie. Il avait dix ans de plus que moi. Pendant un an, il m’a fait vivre dans la peur. Lorsqu’il buvait, j’en subissais les conséquences. Il faisait des choses inacceptables, tout ça parce que je ne l’aimais pas. Et le jour où il a failli m’étrangler, ce jour-là, il est enfin parti.
Des années plus tard j’ai rencontré un homme merveilleux. Nous sommes ensemble depuis plus de vingt ans. Depuis que je l’ai rencontré, nous allons tous les ans en vacances en Martinique. Et tous les ans je recherchais mon premier amour, mais rien : je n’avais aucune piste… Et voilà que le 23 janvier 2018 le jour de mon départ en retraite ma mère décède. 47 ans que je n’ai pas vu mon C. Mais il n’était pas là pour les funérailles. J’ai appris qu’il avait été opéré, que depuis il souffrait le martyre et qu’il n’avait donc pas pu se rendre à l’enterrement. J’ai dit à ma cousine de lui faire passer le mot que je rentrais définitivement en Martinique quelques mois plus tard.
Après des mois d’attente, j’ai réussi à avoir mon C. au téléphone. Nous avons tous les deux pleuré de joie. Tellement j’étais émue je n’arrivais pas à prononcer un mot ! Depuis ce jour-là, nous nous appelons chaque jour pendant des heures. Lui aussi était marié. Je me suis alors fait la promesse que si son épouse venait à découvrir que nous nous étions retrouvés et que nous poursuivions notre relation, je le quitterais. Je préfère endurer la souffrance plutôt que de causer des problèmes à sa femme. Elle est une bonne personne qui, même si leur relation intime s’est éteinte depuis des années, ne mérite pas que je m’immisce sur leur chemin de vie.
Je ne lui ai rien caché de ce qu’il m’était arrivé : l’avortement, mon kidnapping, les menaces de ma mère… C’était difficile pour lui, mais je me devais d’être honnête. Et à son tour, il m’a raconté son calvaire depuis mon départ du quartier. Il m’a confié m’avoir cherché pendant des années sans succès. En 1977, toujours meurtri par ma disparition il a décidé de se rendre en métropole en vue de me retrouver, il y est resté 15 ans puis il est rentré en Martinique. Nos chemins se sont croisés une seule fois, au mariage de ma cousine. Il a demandé à mon cousin que je sorte pour le retrouver, mais mon cousin avait trop bu et a fini par oublier…
Les retrouvailles
Nous avons fini par nous voir en vrai, enfin. Cependant, ne sachant pas à quel point nous avions changé, j’ai convenu avec lui que je porterais un chapeau bakoua sur la tête et qu’il aurait une casquette blanche. Alors que je descendais la rue pour le retrouver, mes jambes tremblaient tellement que je ne l’ai même pas reconnu au premier abord. Mais lui, lui m’a reconnue grâce à mon chapeau bakoua. On s’est embrassés et on a pleuré de joie, c’était si beau, enfin après toutes ces années d’attente. Il ne cessait de me complimenter sur ma beauté, ma tenue, même s’il n’appréciait pas vraiment mes longues dreadlocks au début. Mais avec le temps, il a fini par les adorer ! Nous étions tellement heureux de nous retrouver…
Mais les autres fois où nous devions nous voir, il arrivait toujours quelque chose pour nous faire comprendre qu’il fallait reporter ! Puis est arrivé le Covid et le premier confinement… Nous avons alors décidé que l’on se reverrait quand l’épidémie aurait diminué.
En 2021, nous avons passé une nuit ensemble à l’hôtel. C’était une nuit magique. Que cela soit lui ou moi, cela faisait des années que nous n’avions pas eu de relations intimes. Et pourtant nous avons fait l’amour cette nuit-là. C’est pour vous dire ô combien nous nous sentions bien.
J’ai dû me rendre en métropole pendant sept mois l’année dernière pour la naissance de mon petit-fils et pour recevoir des soins médicaux. Malgré cet éloignement difficile, nous avons l’impression de ne jamais nous être quittés. Depuis mon retour en mai dernier, nous sommes toujours unis, heureux, et notre amour est d’une puissance incroyable, même si nous ne vivons pas ensemble.
C’est une décision que j’ai prise moi-même, car je ne veux en aucun cas que son épouse ou mon conjoint soit malheureux à cause de notre bonheur. En 2024, il y aura une nouvelle séparation lorsque je retournerai passer quelques mois avec mes enfants et petits-enfants.
Nous formons un couple à part entière, c’est notre réalité et nous l’acceptons. Cela restera ainsi jusqu’à ce que la mort nous sépare. Mon C. est le seul homme que j’ai aimé dans ma vie, et il est réellement amoureux de moi. Il est prêt à tout pour moi et il me le prouve à chaque occasion. Il me fait me sentir aimée, il me fait rire, il est beau avec un sourire à couper le souffle, et sa voix magnifique me fait fondre. Avec lui, je retombe amoureuse chaque jour, et nous avons un lien d’une profondeur inégalée. Cela fait un peu plus de trois ans que nous nous sommes retrouvés, et nous ne changerions notre vie pour rien au monde.
Ma copine à actuellement 16ans et moi 20 et je suis entrain de lui lire cette histoire pour s’endormir et nous nous reconnaissons trop bien dans cette belle histoire.