Quand on évoque une rupture ou une séparation, on pense évidemment au domaine sentimental ou amoureux. Au cœur brisé par le départ de l’autre, à l’amour qui s’en va, à la souffrance qui en résulte. Mais l’amour n’a pas le monopole de la douleur, loin de là. Il arrive qu’en amitié aussi, on connaisse des ruptures douloureuses. Les disputes existent aussi entre amis et parfois, c’est irrévocable. Deux meilleures amies, deux amis d’enfance, qui avaient une relation d’amitié forte, comme des sœurs ou des frères se retrouvent alors à couper les ponts, à ne plus faire partie de la vie de l’autre. Et selon les raisons de cette cassure, c’est parfois très douloureux. Le deuil est-il le même qu’en amour ? La confiance en soi est-elle mise à mal ? Rupture amicale : est-ce aussi douloureux qu’en amour ? Voici quelques éléments de réponse à ce sujet.
Rupture amicale : est-ce aussi douloureux qu’en amour ?
Certaines relations amicales deviennent des histoires d’amitié fortes qui durent des années. Il existe de véritables coups de foudre amicaux et on sent une familiarité avec une autre personne d’emblée. A d’autres moments, c’est avec le temps que la relation se construit, que la complicité amicale se crée dans un climat de confiance réciproque.
On prend plaisir à se voir, à parler ensemble, à se confier, à passer du bon temps entre amis et aussi avec les conjoints, en famille, avec d’autres amis.
Dans le cadre des fortes amitiés, celles-ci font en effet partie intégrante de nos existences. La personne qu’on considère comme sa meilleure amie, sa sœur de cœur, ou comme son meilleur pote, fait partie, presque, du quotidien.
On s’envoie des messages, on s’appelle pour les derniers potins, on se confie quand ça ne va pas. Ensemble, on partage les rires, les larmes, les bonnes nouvelles, les coups durs, les grands moments, les soirées improvisées, les bons souvenirs.
Une amitié qui s’installe se fait naturellement, elle n’est pas forcée et contrairement à l’amour, on n’a pas besoin de faire autant de compromis. On ne vit pas ensemble, on ne partage pas tout aussi il est plus rare de se disputer.
Quand l’amitié s’en va
Mais cela arrive, parfois pour un rien, une incompréhension, et les choses s’arrangent. Et d’autres fois non et c’est là que la rupture amicale survient. Avec elle s’écroulent des années, parfois des décennies d’amitié. Si c’est souvent dommage, il n’y a parfois plus rien à faire pour sauver ce lien privilégié.
Comme en amour, une sorte d’incompatibilité peut s’installer quand les deux chemins de vie s’éloignent trop et qu’on n’a plus rien à se dire. Cela peut aussi être dû à une trahison, un mensonge, un coup bas.
En effet, comme en amour, une blessure d’amitié est possible et elle peut faire tout aussi mal. Si les sentiments amicaux ne sont pas aussi forts que le sentiment amoureux, il n’en demeure pas moins qu’ils sont sincères.
La douleur ressentie lors d’une rupture amicale est réelle
C’est pour cela que ça peut faire mal, très mal. On donne beaucoup de soi dans une amitié, on donne sa confiance et on ouvre son cœur. Alors quand une rupture survient, c’est le choc. Plus la raison est dure à encaisser, plus cela fait mal.
Comme en amour, des formes de ghosting peuvent exister, sans que l’ami délaissé ne comprenne toujours pourquoi. Et s’en remettre est compliqué car on n’a alors pas les réponses à ses questions.
Les gens changent et en amitié, on ne suit pas toujours la même route. Parfois, le fossé se creuse et la forte complicité qui semblait pourtant inébranlable n’est plus.
S’en remet-on facilement ? Pas toujours. Certaines relations amicales ne sont pas faites pour durer et le deuil se fait tout seul. On sait que cette personne nous a beaucoup apporté à un moment donné de notre vie mais que c’est fini. On arrive à ressentir de la gratitude et à tourner la page sereinement.
Un sentiment de trahison ?
Pour d’autres, la rupture est beaucoup plus brutale, l’un des deux amis met fin à une longe amitié sans regrets ni remords apparents. Et pour l’autre c’est difficile de comprendre.
Comme en amour c’est souvent un signe que la relation était déséquilibrée. L’un des deux amis était plus engagé que l’autre dans cette amitié, et il peut alors se sentir délaissé, trahi, berné par l’autre.
Quand l’autre met fin à l’histoire sans qu’on en comprenne totalement les motivations, on l’analyse comme un rejet de notre personne, de soi. Et c’est ça qui est très difficile, ce rejet associé à un fort sentiment d’abandon.
La confiance abimée, comme en amour
Une rupture amicale peut donc être très douloureuse et remettre en cause la confiance en soi. Elle occasionne parfois un repli sur soi. On n’a plus envie de refaire confiance, on se dit qu’on est trop naïf ou alors qu’on ne retrouvera de toute façon jamais pareille amitié.
C’est comme après une séparation amoureuse. On est sur ses gardes, peu enclin à accorder son temps, son énergie et surtout sa confiance à une nouvelle personne. Et on peut se sentir désabusé et fatigué à l’avance de devoir tout recommencer.
Vous savez, quand vous entretenez une amitié durable pendant des années, l’autre connait tout de vous. Votre passé, parfois dès l’enfance, votre famille, vos problèmes de couple, vos secrets. Il y a une familiarité qui s’est créée avec le temps.
Recommencer tout ce cheminement avec une autre personne semble parfois insurmontable, surtout quand on n’a plus 20 ans. Renouer de fortes amitiés plus tardives, alors qu’on a perdu son amie d’enfance, de lycée ou de fac par exemple, n’est pas évident.
A 30, 40 ou 50 ans, on a derrière soi un vécu déjà important. Et on a donc été déçu, trahi, au point d’avoir peur de refaire confiance.
Un investissement amical différent qu’en amour
Il faut retenir qu’en amitié, il n’y a pas à donner autant de sa personne, pas comme en amour. Vous devez et vous pouvez protéger votre cœur, en ne vous surinvestissant pas dans vos relations amicales comme vous le feriez dans votre relation de couple.
Une amitié doit être équilibrée, réciproque et sincère, comme l’amour. Mais elle doit surtout demeurer un espace de liberté, pas devenir un attachement ressemblant à de la dépendance affective.
Rupture amicale : comment s’en remettre ?
Dans un premier temps, il faut faire ce travail du deuil comme lors d’une rupture amoureuse. Comprendre ce qui s’est joué dans cette amitié et dans cette rupture est essentiel.
Qu’est-ce que représentait cette amitié pour moi ? Dans ma vie ? Qu’est-ce que l’autre m’apportait réellement ? Qu’est-ce que je lui donnais ? Que partagions-nous ?
C’est très important de faire ce travail de réflexion sur l’amitié afin de mieux comprendre ce qui a pu emmener à la rupture.
Cette action de mettre du rationnel dans l’émotionnel fait du bien, apaise beaucoup la plupart du temps.
L’idéal est de comprendre les raisons de cette rupture amicale pour tourner la page plus facilement. Ressasser, comme en amour, ne permet pas d’aller de l’avant et de se projeter. Si votre amitié était vraiment sincère et réciproque, alors vous devriez avoir facilement une réponse à vos questions.
Si ce n’est pas le cas, c’est soit que la relation était déséquilibrée et donc pas si saine pour vous. Soit que le déclencheur (trahison, mensonge, distance) est trop important pour renouer le dialogue ou revenir en arrière. Il faut parfois savoir lâcher prise et accepter que si nous ne rencontrons personne par hasard, pour autant certaines personnes ne sont pas faites pour rester à nos cotés toute notre vie.
