Parce que je t’aime toujours
Dis…Tu as arrêté d’écrire ?
Mon amour,
J’ai beau chercher une autre manière de t’appeler, rien n’y fait.
Je t’ai tant écrit, je t’en ai tellement dit.
Je te destine cette lettre de plus, et pour une fois, presque à ta demande. L’autre jour, nous nous sommes revus au bout de longs mois de souffrance, de silence, d’incompréhensions…Si tu savais Ô combien ils m’ont paru interminables.
Ce jour-là, j’avais prévu de te sortir tout ce que j’avais sur le cœur. Je m’étais préparé une liste pour ne rien oublier, j’avais répété, travailler mon sens de la répartie…Tu m’as longuement écoutée, comme je te l’avais demandé…Puis, ce fut plus fort que toi, tu m’as coupé la parole, d’un coup, comme ça et comme souvent. C’est une de tes habitudes qui m’agace au plus haut point depuis toujours…Et pourtant, tes défauts faisant eux aussi partis de toi, ils m’attendrissent tout autant qu’ils me hérissent. Donc, tu m’as interrompue disais-je…Pour me poser une question : « Au fait…Tu as arrêté d’écrire, sur le truc de l’amour ? ».
Je t’ai donné en guise de première réponse, la plus spontanée qui soit. Un grand silence, mes yeux qui te dévorent et ma main incontrôlable se mettant à caresser ta joue barbue. Le temps de revenir à moi, je te répondais finalement : « Non…Enfin, si…Ca fait un moment que j’ai pas écrit. Parler d’amour me fait trop mal. »
Et me voilà de retour, avec cette plume qui m’a si souvent portée secours, pour te dire encore à quel point tu demeures le pilier de mon existence.
Je le sais…Ces retrouvailles, tu les as redoutées…Tu as entendu des choses qui ne t’ont pas forcément fait plaisir, d’autres avec lesquelles tu as probablement été en désaccord, peut-être certaines vérités t’ont-elles blessé… Peut-être t’es-tu mis à croire que j’étais en train de jouir du seul plaisir de prendre ma revanche. Il n’en est rien, et j’espère en ton for intérieur que tu l’auras compris.
J’ai jubilé c’est vrai…Du seul fait de pouvoir à nouveau plonger mes yeux dans la noirceur profonde et intense des tiens, d’observer cette mimique qui n’appartient qu’à toi et qui consiste à lever tes sourcils en simultané vers le ciel façon Bourriquet, d’entendre le son de ta voix résonner en moi comme la plus belle musique au monde, de ne t’avoir à nouveau rien qu’à moi. Tu m’avais tellement manqué, si tu savais…
Mon amour, au moment où je rédige cette lettre, je souffre d’une vilaine fièvre qui traine depuis déjà plusieurs jours. La première fois que tu m’as prise dans tes bras, je m’en souviendrais toute ma vie, j’ai eu le sentiment que toutes mes douleurs s’étaient soudainement, miraculeusement atténuées et que plus jamais rien de grave ne pourrait m’arriver, tant que je pourrai rester là, au creux de toi.
Alors, comme à chaque fois que je me sens mal, ce soir encore, pour estomper les méfaits de cette méchante fièvre, je pense à toi, je pense à nous. Et c’est presque comme avant. J’ai la tête posée contre ton torse, ton bras est autour de moi, ta main caresse mes cheveux. Parfois mes lèvres remontent jusqu’à mon endroit préféré de toi, ce tout petit bout de peau juste derrière ton oreille… Pour embrasser délicatement, tendrement. C’était comme ça toi et moi, infiniment tendre, infiniment délicat…Pour devenir infiniment fougueux.
Mon amour, l’émotion de t’avoir revu dépasse tout ce que tu peux imaginer. Tes bras qui m’ont enlacée, furent en ce froid glacial le plus savoureux des réconforts, et le sourire sur ton visage, le rayon de soleil qui avait tant déserté ma vie et qui soudain m’illumina.
Alors, pourquoi réellement est-ce que j’avais arrêté d’écrire… ? Mon amour, en fait, juste parce que certaines choses sans toi perdent de leur sens, de leur saveur. Juste, parce que tu n’étais plus là.
Mais aujourd’hui, plus forte d’avoir un peu comblé ce gouffre sans fond qu’est le manque de toi, de t’avoir vu, entendu, respiré…Je te réponds en t’écrivant, encore…
Parce que je t’aime, toujours.
Marie.