Après une séparation ou un divorce, lorsqu’on a des enfants, après la première étape qui consiste à trouver son nouveau rythme de vie de parent solo, il y a celle du célibat. On est en effet célibataire et selon le délai qu’il nous faut, selon la vie et les surprises qu’elle nous réserve, vient ensuite le temps de la rencontre, la bonne, en tout cas celle qui nous le laisse penser, celle qui nous donne envie de passer à l’étape suivante, qu’on appelle si communément « refaire sa vie ». Et quand on est parent, cela passe nécessairement à un moment donné par le fait de présenter son nouveau compagnon ou sa nouvelle compagne à son ou ses enfants. Nous sans eux, ce n’est pas nous en entier, ce n’est pas notre vie dans son intégralité. Choisir un parent solo, c’est accepter, à terme, le package avec enfants, dans l’idée de créer une famille recomposée. Cet article vous propose deux témoignages de mamans célibataires avec un ou deux enfants, qui ont rencontré des hommes qui ne sont pas encore pères, ce qui peut sembler plus complexe encore et qui pourtant, ont accepté les enfants et la vie de maman de leur compagne. Vers une famille recomposée, j’ai présenté mon compagnon à mes enfants : témoignages.
Témoignage de Magali, maman de deux enfants de 9 et 12 ans
« Cela fait 8 mois que l’on est ensemble avec chéri, quand on y réfléchit on rit souvent du fait que l’on n’a rien fait comme les autres. Avec chéri on s’est rencontrés sur un site de rencontre (The Good Match), on a discuté, sympathisé, à 30 minutes l’un de l’autre on a vite décidé de se rencontrer en vrai. Comme ça, ça à l’air simple, sauf que chéri n’a pas d’enfant, moi j’en ai deux que j’élève quasi seule, chéri fait les 3 huit, moi je suis journée à temps plein…
On veut se voir rapidement, on se cale un mercredi matin, chéri a bossé la nuit, moi je suis en RTT, les enfants à l’école jusque 11h30, de 9h à 11h on a un créneau ! Bien sûr ça passe vite on veut se revoir, dimanche matin les enfants vont chez leur père, idéal ou pas… il faut savoir qu’à ce moment-là mes enfants allaient chez leur père un dimanche sur 2 à partir de 10h30 (oui car ça change beaucoup faut suivre) donc parfait chéri me dit dès qu’ils sont partis je suis là ! Mais cela ne s’est pas tout à fait passé comme cela…
Vous l’aurez compris la rencontre de chéri avec les enfants n’était pas prévue si tôt, elle n’était même pas du tout prévu ! Et pourtant ce dimanche matin là…
Dimanche matin, les enfants pestent dans le canapé après leur père qui vient d’appeler pour dire qu’il ne s’est pas réveillé, chéri sonne à la porte, regard intrigué de mes enfants…(mon ex est un boulet c’est dit).
Ce moment de gêne pour moi et chéri qui comprend en entrant, puis petit moment qui détend l’atmosphère quand numéro 2, 9 ans, sourire aux lèvres se tourne du canapé pour dire « à mon avis ce n’était pas prévu comme ça hein ? Il devait arriver après qu’on soit partis ! »
Sans compter sur le deuxième moment de gêne pour chéri quand 30 minutes après il a croisé mon ex. Avec beaucoup d’humour je le revois me dire « Sinon tes parents doivent passer ?! »
Aujourd’hui après 8 mois ça reste toujours un souvenir drôle pour nous tous. Les choses se passent rarement comme on aimerait les rêver (en tout cas dans ma vie c’est comme ça !), bien sûr j’ai des enfants (12 et 9 ans) matures et dont je suis très proche, on a vécu tellement d’aventures tous les 3 qu’on attendait tous avec impatience un quatrième aventurier qui n’aurait peur de rien pour entrer dans cette joyeuse famille de dingues.
Cette première rencontre n’a jamais perturbé les enfants, un peu plus stressant pour chéri je pense mais qui depuis s’en est bien remis puisqu’il est toujours là.
On ne vit pas encore ensemble officiellement même si on n’en est pas loin, cet été nous avons passé nos premières vacances tous les 4 et on s’est vraiment bien amusés. Chéri s’est toujours très investi dans son rôle de beau-père, dans notre quotidien, que ce soit pour l’école, les activités extrascolaires, le fun mais aussi le côté sérieux. Il fait partie à part entière des décisions familiales, il a fait sa place mais on lui a aussi permis de la faire, tout ceci marche surtout avec une grande communication commune.
Ce n’est pas toujours simple, pour lui car ça reste nouveau, pas toujours non plus pour moi car on a fonctionné à 3 pendant plusieurs années et j’ai du mal à demander de l’aide.
On a tous connu la vie de famille recomposée dans nos histoires passées, ce qui fait la différence aujourd’hui c’est je pense la patience, la communication, l’amour du couple bien sûr, cette envie commune à nous 4 de former une nouvelle famille, la place que chacun se donne, le temps que l’on prend à s’écouter, se comprendre et s’unir.
Des obstacles il y en aura, mais on est prêts je crois à les relever tous ensemble. »
Témoignage de Kim, maman d’un petit garçon de 6 ans et demi
« Je ne me souviens plus si j’ai préparé mon fils à la rencontre. Il avait presque 4 ans, et je lui ai simplement dit qu’on allait voir un ami. J’ai attendu que ça me paraisse vraiment sérieux et que mon chéri me semble fiable, pour lui présenter Hugo.
Ça s’est bien passé dès le début… Tant qu’il est officiellement resté un ami. Les choses ont commencé à se gâter quand on a dû, à cause de différents soucis financiers, partager tous les trois un studio de 17m² environ.
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Là, chaque semaine, quand je récupérais mon fils (garde partagée), il me demandait « Maman, est-ce qu’il y a Djibril à la jolie maison de maman ? » et quand je lui disais que oui, parce que maintenant il devait habiter avec nous car il ne pouvait pas payer une maison pour lui tout seul, il ronchonnait voire même pleurait en me disant » !je ne veux pas Djib a la jolie maison de maman »…
On peut dire que les débuts ont été difficiles.
J’ai découvert mon fils un peu jaloux, qui essayait de me garder pour lui le plus possible. Je comprenais ce qu’il ressentait, et me suis adaptée… Quand j’avais Hugo j’étais maman avant toute chose. J’avais tout le temps de profiter de mon chéri les autres semaines.
Mais ce qui m’a le plus posé problème à vrai dire, c’est la réaction de mon chéri. Ou plutôt son manque de réaction. J’ai compris par la suite qu’il avait surtout peur de mal faire, mais le fait est qu’il ne s’impliquait pas et ne semblait pas essayer de créer un lien avec Hugo. Il lui achetait un vêtement ou un jouet quand il pouvait, mais rien « d’émotionnel » je dirais, et rien en ce qui concerne le quotidien. J’ai souvent été frustrée d’être très en retard le matin, parce que je devais préparer le petit en plus de moi-même, et qu’il ne propose pas par exemple de lui enfiler ses chaussures, de l’aider à s’habiller, etc. Je comprenais qu’il ne se sente pas à l’aise, et j’ai fini par forcer les choses en lui faisant des requêtes précises, du genre « Est-ce que tu peux préparer le goûter du petit pour l’école, histoire que je gagne 5 minutes ? »
Il a aussi eu une réticence vis-à-vis des réactions à avoir en cas de « bêtise », car il sait que je suis très appliquée à utiliser l’éducation positive et non violente, et que forcément, pour lui, tout ça, c’était du chinois jusqu’à ce qu’on en discute ensemble.
Ce qui est dingue, c’est que c’est lorsque Djibril a dû partir à 4 000 kilomètres de nous, il y a 2 ans, que Hugo a réalisé qu’il lui manquait.
Maintenant, il me demande de ses nouvelles sans arrêt, ils s’envoient des photos, des vidéos, des émoticônes (étant donné que Hugo ne sait pas lire, c’est bien pratique). On est allés passer 3 semaines chez lui au Sénégal, et Djibril était ravi de faire découvrir son pays et sa culture à Hugo.
J’ai compris, en les voyant aussi complices, que même si ça avait pris du temps, une vraie relation s’était nouée entre eux. Et pour moi, c’est juste du bonheur, de vrais moments de partage pour une famille pas comme les autres.
Pour l’avenir, j’espère que leur lien deviendra encore plus fort avec le temps, car même sans remplacer son papa, notre mariage il y a un an a « concrétisé » notre famille, pour le plus grand bonheur de Hugo qui aime expliquer que « Papa et maman ne sont plus amoureux, mais maintenant maman est amoureuse de Djib ! »
Nous avons hâte d’avoir un enfant pour unifier encore plus notre famille, et il se pourrait que ce soit pour bientôt… Mais chut, c’est encore un secret ! »
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Quand j’ai fait cet appel à témoignages, je n’ai absolument pas ciblé ma recherche vers les hommes ou les femmes, mais c’est plus souvent les femmes qui sont prêtes à se confier sur leur passé sentimental ou leur vie de famille. Ensuite, véritable surprise, je ne m’attendais pas à deux femmes qui me livreraient, premièrement, que leur chéri n’était pas déjà papa et deuxièmement, à ce que leurs témoignages soient aussi positifs. Et cela fait du bien ! De voir que cela est possible, que l’on peut refaire sa vie même si on est parent solo, qu’il y a des hommes (et des femmes bien sûr) prêts à accepter nos enfants sans y voir forcément une contrainte, à s’investir, à créer une famille recomposée. Pas sans quelques obstacles, sans complications, sans incompréhensions bien entendu et c’est normal ; il faut le temps à chacun de faire connaissance, de s’apprivoiser puis de vivre ensemble, mais avec tendresse, avec humour, avec bienveillance, avec sincérité.