Le court-métrage « Abaddon » réalisé par Rogerio Silva met l’accent sur la destruction, l’amour et la rupture dans une chorégraphie !
L’histoire
Un homme et une femme dansent ensemble de manière passionnelle. Symbolisant à la fois, l’amour passionnel et destructeur, l’homme va tenter de sauver sa femme.
Nous vous laissons découvrir la vidéo
Mon analyse
Le titre du court-métrage s’appelle : « Abaddon » ce qui est très loin d’être anodin. « Abaddon » vient de l’hébreu qui veut dire « destruction, abîme« .
Dans l’Apocalypse de Saint Jean, c’est l’ange exterminateur de l’abîme, l’ange des ténèbres et de la mort. C’est un puissant démon dans la hiérarchie infernale, et dans la Bible ce mot veut dire « royaume des morts« .
Dans d’autres écrits, ce mot représente aussi une partie de l’enfer, le royaume où les damnés sont brûlés et gelés pour l’éternité. D’où l’utilisation de la fumée en continu par le réalisateur.
On peut voir que le réalisateur a choisi d’utiliser la technique du clair-obscur (objets/corps qui ressortent à l’image car ils sont délimités par un contour lumineux sur un fond sombre) pour mieux souligner les corps ainsi que le royaume des morts où il n’y a rien à part le chaos et le néant.
L’utilisation du clair-obscur dans ce court-métrage peut être vu comme un hommage au peintre Le Caravage qui l’a beaucoup utilisé et l’a rendu célèbre au XVIIème siècle ! Comme cet artiste qui l’utilisait pour mieux mettre en relief les corps et leur musculature, le réalisateur a souhaité utiliser la même technique pour mettre l’accent sur la chair des personnages.
La fumée qui s’écoule en continue montre plusieurs choses : Elle rappelle évidemment le royaume des morts ; Elle montre que la destruction peut arriver plus vite que l’on ne le croit ; Que l’autre ne peut nous sauver et qu’il ne tient qu’à nous de le faire pour vivre en paix avec soi-même ; Et enfin que le temps d’un amour est compté et qu’on ne sait jamais à l’avance la date de sa fin.
Les effets spéciaux qui montrent que les corps deviennent des fantômes errants dans le néant, permettent de montrer que la mort est inévitable malgré le combat acharné des deux personnages.
A la fin, on découvre d’autres personnes qui ont aussi étés victimes de l’amour passionnel et qui se sont détruites. On peut dès lors se poser plusieurs questions. Est-ce que ce sont des personnes lambdas ou les anciennes relations du personnage masculin qui détruit tout ce qu’il touche ? Est-ce la destruction ou plutôt la délivrance de cet amour infernal ? A vous de choisir !
La lumière blafarde utilisée donne l’impression que les corps sont morts et dépourvus de vie et de sentiments. La musique, « I can feel » apporte un contraste à ce ressenti, et montre au spectateur, que malgré la destruction infernale qui est au coeur de ce ballet, les personnages, surtout la femme, ressentent quelque chose. Ce ne sont pas des monstres, seulement des victimes d’un amour passionnel qui a tout détruit sur son passage.
La danse symbolise la relation amoureuse en elle-même, en montrant d’après les différents pas de danse, les étapes d’une relation allant jusqu’à la rupture ou la destruction. Ce ballet met aussi en place un dialogue intéressant entre la vie et la mort. La vie incarnée dans les mouvements des personnages et la mort qui les entoure.
Les corps montrés appuient aussi le côté brute de l’amour. En choisissant de filmer la chair des deux personnages, le réalisateur éradique le côté superflu et superficiel de la relation amoureuse et montre l’essence même de l’amour : deux corps charnels qui s’attirent.