L’amour n’est pas toujours synonyme de bonheur. Il arrive qu’une histoire d’amour soit considérée comme impossible ou interdite. A cause de la morale la plupart du temps, de la loi aussi, du regard des autres qui juge ce qui se fait ou ne se fait pas en matière de sentiments amoureux et de rapports charnels. Et qui pointent ainsi du doigt des différences qui sont jugées incompatibles. Et ce, selon les principaux critères suivants : la différence d’âge, l’adultère et l’infidélité, la religion, la culture, la couleur de peau, le rang social, le rapport d’autorité ou familial (patron et employé, professeur et élève, membres d’une famille par alliance, par recomposition…). Bref, il existe de multiples situations qui occasionnent à des degrés divers des impossibilités ou des interdictions pour deux personnes de s’aimer et de former un couple. Amour contrarié, caché, secret, volé qui devient parfois impossible ou interdit tant le poids de la société et de la famille pèse lourd face aux sentiments. Vivre un amour interdit, c’est ce qui a fait le quotidien de Sarah pendant plus d’un an et demi. Voici son témoignage.
Vivre un amour interdit : le témoignage de Sarah
Je vis depuis plus d’un an une histoire d’amour compliquée. Compliquée parce que jugée comme telle, considérée comme peu recommandée, dérangeante, malsaine, et donc même interdite pour certains. Qu’on ne s’y trompe pas, mon compagnon et moi ne faisons rien d’illégal, et nous sommes dans une relation totalement consentie. Je suis majeure, lui aussi, il ne m’a forcée à rien, moi non plus.
Ce qui nous a poussé à être ensemble ? A braver ce fameux interdit ? L’amour tout simplement. Cela peut paraître niais, mièvre, si vous voulez, mais croyez-moi quand les sentiments s’en mêlent, je défie quiconque de lutter… Et puis surtout, c’est la stricte vérité. On s’aime, point barre.
Alors pourquoi notre relation ne plaît pas à la morale, aux bonnes mœurs, aux idées bien pensantes ? En quoi notre amour peut-il déranger ? Dans quelle case des relations interdites sommes-nous ? Je ne pense pas que nous soyons dans ce qui est considéré comme ce qu’il y a de plus grave pour la plupart des gens et de leur moralité, même si nous cumulons deux « infractions » majeures !
La première : notre différence d’âge.
La seconde : notre rapport social ou d’autorité.
Il est mon professeur à l’université, je suis son étudiante. Nous avons 15 ans d’écart.
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Vivre un amour interdit avec un de ses profs
Mais pas de panique : je suis majeure, il n’est pas marié, je ne suis pas en couple, nos familles ne sont pas de culture, de religion ou de rang social diamétralement opposés. Bon si c’était le cas, je vous avoue que je n’en aurais rien à faire, mais disons que nous limitons les dégâts au niveau des cases qu’il ne faut pas cocher !
Trêve de plaisanteries… Rien d’insupportable, me direz-vous ! Il est vrai qu’il n’est pas marié et qu’il n’y a aucun risque de détournement de mineur.
Si on oublie notre écart d’âge, notre problème se situe plutôt au niveau de la morale, du qu’en dira-t-on, de ce qui se fait ou ne se fait pas selon l’université et son règlement intérieur. En effet, si nous ne faisons rien de répréhensible au niveau de la loi, il n’en demeure pas moins que l’université ne cautionne pas les relations entre professeurs et étudiants.
Je suppose que cela peut se comprendre. On considère que ce type de relations où une personne à l’ascendant peut poser des problèmes pour les institutions (favoritisme, triche, chantage, mauvaise publicité, scandale). Et surtout, elles sont ramenées au s.e.x.e et non pas à l’amour ; réduites à quelque chose de sale, de forcément malsain ou d’un jeu de séduction d’un côté comme de l’autre…
Je ne dis pas que cela n’existe pas, je dis juste que ce n’est pas ce que je vis avec A.
Il y a un peu plus d’un an et demi donc, j’entamais ma première année de master soit ma 4e année de fac à 22 ans. Majeure donc ! J’avais un cours de TD et mon professeur pour l’année à venir était A.
Il y a des choses qui ne s’expliquent pas dans la vie, qu’il ne sert à rien de rationnaliser et on sait que l’amour en fait partie. C’est comme ça. Une attirance physique, un attrait, de la curiosité, et l’envie de revoir l’autre, encore et encore. J’attendais avec impatience ces 2 heures de cours du mardi matin…
Au début, je me suis traitée d’idiote évidemment. L’étudiante qui craque pour son prof, quel cliché… Je ne devais pas être la seule, il allait se marrer, ou trouver ça ridicule, ou en profiter… Bref, je me sermonnais toute seule dans ma tête tout en continuant à fantasmer sur lui tous les mardis dans le métro.
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Vivre un amour interdit : le jour où tout a basculé
Et puis il y a eu ce fameux mardi où tout a changé. Le point de bascule, le moment où j’ai compris que je n’étais peut-être pas la seule à me débattre avec cette attirance interdite. Il y a des regards qui en disent long, des sourires aussi, des sensations, une sorte d’intuition qui commençait à prendre beaucoup de place.
La semaine suivante, on passait en entretien avec lui à tour de rôle pour préparer nos futurs exposés. Il a évidemment compris. Mes regards fuyants et le rouge sur mes joues m’ont trahie.
Après ça, c’est comme si tout l’Univers conspirait à nous mettre en présence l’un de l’autre. Je le croisais partout : dans les couloirs de la fac, à la bibliothèque, sur le quai du métro. De bonjour en au revoir, de sourires en regards, nos échanges ont vite dépassé les saluts de loin et les « comment allez-vous ? »
On parlait de mon exposé à venir, de mes études, de sa formation. Puis on a glissé vers des choses plus personnelles, nos projets, nos visions de la vie, nos envies. Et là, c’est comme si nos deux sensibilités se reconnaissaient, comme si l’un était né pour compléter la vie de l’autre et inversement. Le coup de foudre est une sensation incroyable, surtout quand il est total, pas seulement physique. Et encore plus quand vous sentez qu’il est peut-être réciproque…
Après quelques semaines ainsi, à se voir sagement tout en repoussant l’inéluctable, luttant contre cette envie d’aller plus loin au nom de la bonne morale, on a craqué.
C’était l’hiver, il faisait nuit tôt, et on a pris le métro ensemble, au milieu d’autres étudiants et professeurs de mon cursus, car on avait un séminaire commun. Au fur et à mesure des stations, le vide s’est fait. Mais il est resté. Il est descendu à la même station que moi, et m’a demandé si j’acceptais qu’on fasse un bout de chemin ensemble ou qu’on aille prendre un café. J’ai accepté.
Notre premier baiser a eu lieu dehors, sur une jolie place près d’une brasserie, de nuit et dans le froid. Il m’a avoué qu’il en avait envie depuis des semaines mais qu’il ne voulait pas me causer des ennuis ni s’en attirer. Et il était prudent, méfiant, ce que je comprenais.
On avait besoin de se rassurer l’un l’autre sur nos intentions. Lui pouvait croire à un canular, à un pari entre étudiants. Moi j’aurais pu penser que c’était un pervers qui draguait toutes ses étudiantes.
Oui, cette version-là de l’histoire aurait pu être vraie. D’ailleurs, ça l’est sûrement pour beaucoup, hélas. Mais heureusement, pas pour moi, pas pour nous.
Je garde pour moi les détails de notre intimité et de nos confidences. On se voyait régulièrement, loin du campus évidemment, sans chercher le mardi à montrer quoi que ce soit. On savait l’un et l’autre qu’on avait trop à perdre à jouer à ça. Car ce n’était pas un jeu nous deux, c’était déjà une affaire de sentiments.
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Vivre un amour interdit pendant la crise sanitaire
Il est arrivé ensuite l’impensable pour tous ; la crise sanitaire et le premier confinement. Paradoxalement, cette crise a été un facilitateur pour notre couple naissant. L’université fermée, les cours en visio, à distance, on n’avait plus à faire semblant le mardi. Notre relation est devenue épistolaire et téléphonique le temps du confinement puis on a pu se revoir. Cela nous a rapprochés et on a développé notre relation comme n’importe quel couple, en fonction des mesures sanitaires. Les mois passaient et rien ne semblait montrer qu’on s’était trompés. On est partis en vacances ensemble et quand l’année universitaire suivante a commencé, c’était plus facile car il n’était plus mon professeur directement. On a même vécu le confinement suivant ensemble.
Toutefois, on continue à faire attention car je suis encore étudiante pour quelques semaines à l’heure où j’écris dans l’université où il enseigne.
Quand mon témoignage sortira, nous seront libérés de ce carcan universitaire. Je serai sur le chemin de la vie active et lui toujours à faire ce qu’il aime.
Je n’ai jamais eu la sensation d’avoir fait quelque chose de mal, mais je suis soulagée que personne ne nous ait causé de problèmes. La situation sanitaire nous a beaucoup aidés, il faut le reconnaitre et notre discrétion aussi.
Aujourd’hui, la seule chose qui peut nous faire cocher une case de l’amour interdit serait notre différence d’âge. Je vais avoir 24 ans et lui 39. Rien de choquant ni d’insurmontable à mon sens. On a vécu tous les deux avant d’autres histoires d’amour mais c’est ensemble qu’on veut se projeter. Le côté interdit de notre histoire n’a jamais été la source de notre passion, on ne s’en est pas nourris. C’est pour ça que notre histoire est saine ; car nous avons su la construire malgré et au-delà de ce pseudo interdit.
Bonjour, je trouve votre histoire d’amour tout simplement honnête. Quoi de plus beau que 2 personnes qui s’aime vraiment sans les interdits.
Je viens de vivre une histoire d’amour avec une personne plus jeune que moi de 15 ans et bien cela n’a était en aucun cas une contrainte. On s’aimer point, on s’aime toujours d’ailleurs, mais cette personne est marié, celui ci est parti pendant 2 ans vivre une autre vie, et maintenant, il revient comme si c’etait normal. Situation compliquée, j’avoue que c’est la première fois que je quitte une femme que j’aime véritablement. Et bien je sais ce que veux dire avoir le cœur en mille morceaux. Le temps va
sans doute être mon meilleur pansement.
Je suis de tout cœur avec vous.
Il faut vivre sa vie avec passion
Amicalement.